dimanche 25 mai 2008

La fin des temps

C'est la fin.

Quand j'ai entamé l'écriture de ce blog, j'étais un jeune homme heureux, plein d'espoir et de rêves, qui partait rejoindre sa belle dans une immense ville perdue au milieu d'un immense pays. Hélas, le bonheur a été de courte durée et les raisons qui m'ont fait venir ont perdu de leurs saveurs. J'ai donc pris la décision de rentrer en France. Oh, vous me direz que c'était prévu et que j'aurais retrouvé les miens le temps de trouver un moyen de revenir ici, mais je sais maintenant que je ne reviendrai pas.

C'est le coeur gonflé d'amertume et de tristesse que je vais quitter ce pays qui m'a tant intéressé. J'y ai pourtant découvert énormément de choses, de gens et vécu de belles aventures et j'avais encore en stock quelques bons posts à vous livrer, mais la vie en a voulu autrement et je me vois contraint par mon coeur de mettre un point final à cette aventure bloguienne.

Malgré tout, écrire me fait du bien et j'aimerais continuer cette activité d'une manière ou d'une autre. J'aime la contrainte et la liberté qu'offre le format du blog. Et comme je me vois vivre encore beaucoup d'aventures, je pourrais continuer à les raconter quelque part. Mais d'ici là, je vais me ressourcer un petit peu et reprendre un peu de bon air familial.

Je ne ferai pas de bilan de mon expérience, il y a trop de plus à écrire et le seul moins prend trop de place. Mais je sais qu'avec le temps, je sourirai en pensant aux moments que j'ai vécu ici.

Rendez-vous à Moscou !

mercredi 14 mai 2008

Хамовники - photos

Ne soyez pas effrayés, ce n'est que le nom de mon quartier. Légèrement au sud-ouest du centre, entouré de quelques lieux connus par ici (le monastère Novodievitchi, le Parc Kulturi, le Stadium Luzhniki...), il se révèle d'autant mieux lors de balades à pied. Comme je suis feinéant et que je n'ai pas trop envie d'écrire aujourd'hui, je vais juste vous livrer quelques photos pour vous permettre d'apprécier mon environnement. Ensuite, vous pourrez décider en votre âme et conscience si vous désirez venir me visiter.

La Moskva et l'ancien pont de chemin de fer


Le siège des unités blindées de l'armée rouge (toujours en activité)


Mon si joli immeuble




Je sais, je me suis contenté du minimum syndical pour ce post, je me rattraperai demain... Ou pas, vu que j'ai plein de trucs de prévu, notament la rencontre de ma peut-être future co-conversationiste, une étudiante russe qui parle pas mal français et qui souhaitait échanger des conversations dans les deux langues. Mais je vous rassure, je trouverai toujours du temps pour vous.

Bonne nuit !

lundi 12 mai 2008

Petrograd

Il y a des fêtes nationales qu'il est parfois bon d'éviter de passer dans la capitale. Autant le 1er mai avait réussi à faire de Moscou une ville aussi peuplée que Palavas-les-flots un 15 décembre, autant le 9 mai, jour de la victoire pour les russes à cause d'une sombre histoire de décalage horaire, promettait de générer quelques désagréments et embouteillages de chars sur la place rouge. Il était donc de mise de s'éclipser et de laisser les russes célébrer leur armée rouge et de filer saluer les tsars dans la capitale du nord.

Quel changement ! Quelle fraicheur ! Quel plaisir de se retrouver au bord de la mer, fut-elle Baltique, pour prendre un bon bol d'air qui manque tant dans la ville polluée où j'ai atterri. Trois jours de balade intense n'ont pas manqué de me faire (re) découvrir une ville musée qui a gardé toute sa vie. Concerts, rencontre agréables autours de quelques
Балтики, soleil, températures radieuses, grands-mères qui se baignent dans la Neva en chantant des airs d'opéra alors que l'eau doit encore avoisiner les 12 degrés, impression de commencer à maitriser un environnement où tous les touristes semblent perdus, balades le long des canaux et sous les fontaines de Petrodvoretz... J'en reviens comme si j'avais passé ma tête sous l'eau fraiche même si la nuit en train et l'arrivée à 6h30 ce matin on causé quelques difficultées à rester éveillé pendant le cours de Tatiana.

Va falloir que je me réveille quand même, le russe se corse !

jeudi 8 mai 2008

Avé l'acceng'

L'accent russe, c'est tout un bonheur, un savoureux mélange de difficultés et de doubles sens. Fous que vous êtes, ou aussi naifs que moi, vous pensez naturellement qu'il suffit de prononcer les mots avec une sorte d'accent slave bourru aux consonnances mafieuses de l'est des films américains, et bien pas du tout. La maîtrise de la disco (Raspoutine, ou encore mieux Moskau) non plus, à vrai dire. En fait, tout se complique dès le début, chaque mot de plus d'une syllabe possède sa syllabe accentuée, laissant orphelines toutes les autres. Jusqu'alors, la casse n'est pas trop lourde. Je laisse quelque fois le mot trainer sur une syllabe et c'est pas trop grave si c'était celle d'à côté... Malheureusement non, car beaucoup de voyelles changent de prononciation selon leur accentuation. Le plus marquant reste le "o" qui se prononce "a" quand il n'est pas accentué. Mais soyons plus clair, prenons un exemple.

Le mot du jour : молоко ("du lait" pour les incultes dont je faisais partie il y a encore 6 semaines). Si vous avez suivi mes merveilleux cours de langue russe, vous savez que ce mot se lit "moloko" mais, étant donné son accentuation sur la dernière syllable, se dit : "malakooo"...

C'est un cauchemard, c'est horrible, je ne m'en sortirai jamais. Surtout qu'il y a des pièges encore plus énormes ! Parfois, l'accent se balade dans le mot selon son genre, son nombre ou sa déclinaison. Pire, les mots du genre neutre se terminant au singulier par "o", tiens comme par hasard comme mon exemple, et le pluriel se forme en remplaçant ce "o" par un "a". Donc "malako" devient "malaka" et tout le monde est content. Mais que se passe-t-il quand l'accent n'est pas sur la dernière syllabe ? Eh oui, ça devient franchement folklo et le mot "пиво" (bière) qui se prononce "piva" se plurièlise en "пива" qui se prononce "piva". Remarquez que je n'ai aucun problème avec le fait que la bière semble toujours au pluriel, mais ma pauvre tête en a besoin de beaucoup pour digérer tout ce qu'elle doit retenir.

Allez, je m'en vais prendre quelques jours de repos à St Petersbourg et boire quelques Балтики dans leur ville d'origine. A très bientot !

mercredi 7 mai 2008

Happy mandat to you, Mr President !

Aujourd'hui nous est arrivé un nouveau président, qui ne vient pas tout à fait remplacer l'ancien. Mr Medvedev, même pas encore quinqua fringant, quelques gouttes de lait estampillées « pépinière Vadim » qui lui coulent encore du nez, est donc devenu aujourd'hui la nouvelle reine de Russie, aux pouvoirs à peine plus étendus que ceux détenus par sa confrère d'outre-Manche. Quoique, Rod* me garde de rejoindre trop vite les avis quasi unanimes de la presse outragée d'Europe de l'Ouest. Vu d'ici, les moscovites sont plutôt heureux par la nouvelle de l'arrivée de Vladimir à la tête de l'exécutif du pays et ils le sont également de savoir que le pensionnaire du Kremlin ne fera pas trop barrage à la continuité de la politique actuelle qui leur a apporté, pour beaucoup, une vie cent fois plus agréable que sous Boris-le-nez-rouge.
Qu'est-ce qui va changer, finalement ? Personne ne le sait réellement, même si maintenant la Russie possède un président qui sait se servir d'un mulot et d'un clavier, un jeune qui n'a pas une tête de boucher de l'Oural, un président certainement ouvert et pas trop bête. Sauf que... Je vais donc adopter l'attitude adéquat, tel un bon aspirant russe, l'attente sans trop d'espoir et me consacrer à des activités plus frivoles et bien moins sérieuses : l'apprentissage de la langue ! Dormez, braves gens, la garde veille et rien ne change dans ce pays paisible.


* Rod, pour votre culture générale, était le plus grand des Dieux de la mythologie locale, avant l'arrivée des hordes christianisantes.

mardi 6 mai 2008

Un couloir sombre mais sec.

Imaginez une file d'attente toute soviétique, des resquilleurs qui tentent leur chance, des petits malins qui profitent de la crédulité des novices pour leur proposer de passer outre la queue moyennant une forte rémunération, sans préciser que l'ouverture des portes est imminente. A ce tableau déjà brumeux, vous ajoutez des policiers au regard fixe et sans merci, une sécurité au delà de ce qu'on voit partout ailleurs, un chemin balisé par des tombes de plus en plus sombres et évocatrices de la noirceur du passé. Enfin, après quelques détours, vous entrez dans le bâtiment, lourde construction rougeâtre veinée de noir, vous pénétrez dans une pénombre de plus en plus angoissante, scruté par des gardiens sortis de vos pires cauchemars, cadavériques, portant un uniforme vert sombre soulignant la noirceur de leur regard. Et vous vous enfoncez dans la noirceur de l'escalier et la descente de chacune des marches provoque la montée d'une angoisse sourde jusqu'à votre cœur. Vous arrivez à situer physiquement votre âme tant sa lourdeur la matérialise au sein de votre corps. Et, à la fin de ce couloir sombre mais sec, vous parvenez enfin au but de votre périple morbide. Toujours observé par les gargouilles aux yeux perçants, vous oubliez complètement cet environnement insensé tant ce que vous avez sous les yeux est oppressant. Un cercueil de verre protège des pèlerins une momie dans son sommeil éternel, blanche comme une statue de craie, les traits tirés et les poings serrés, comme endormi trop vite après une colère et qui ne semble dormir que d'un oeil. Mais pourtant, malgré les supplications de certains visiteurs, elle ne bouge pas et ne bougera plus, à moins qu'elle ne se décide un jour à se réveiller et de nouveau reprendre le pouvoir qu'elle a abandonné à d'autres hommes sans doute moins méritants qu'elle... Ou que lui, vu que son nom trône sur le fronton de son mausolée : Lénine.

Après cette plongée dans le gouffre, la sortie à l'air libre est une bouffée de vie qui remonte d'un coup dans les veines et vous laisse sonné pendant quelques instants, au point de ne presque pas remarquer les bustes de quelques célébrités qui se dressent sur votre passage. Et c'est bien après avoir dépassé Staline, Brejnev ou Andropov que vous reprendrez finalement vos esprits et finirez votre aventure au milieu de la place rouge, par un jour ensoleillé d'avril.

lundi 5 mai 2008

Abandon

Non, rien de rien, non je ne regrette rien. J'avoue, je le fais même sans aucune honte, j'ai abandonné ce blog sans grande compassion. J'ai trop de choses à vivre et à découvrir aussi, à débroussailler et à comprendre, à analyser et à maitriser, que je n'arrive pas à me mettre de plein pied dans l'écriture de cette page qui devrait être quotidienne. Et pourtant, il y a toujours de l'espoir, la preuve en est que j'écris aujourd'hui.

Je crois que le côté le plus difficile de mon séjour à Moscou réside dans la brasse coulée constante que j'effectue dans une rivière de langages aux courants très divergeants. Passer de l'anglais au russe, du français à un environnement finlandais demande une maîtrise plus que constante du grand écart linguistique facial. J'en suis crevé, et je pourrais facilement me cacher derrière ça pour expliquer les raisons de mon absence de communication.

J'ai surtout, je pense, traversé une période délicate qui peut facilement intervenir après un mois d'expatriation, loin de tout, au milieu d'une ville complètement dingue. Appréhender Moscou, la maîtriser, la mettre au pas et la dresser en un seul petit douxième d'année est certainement la chose la moins probable qui puisse arriver. Surtout quand les qualifications en russe du nouvel entrant se résument à un apprentissage modéré jusqu'à la leçon 8 de la méthode ASSIMIL.

Ici, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer. J'ai un guide personnel qui peut fièrement dire qu'elle connait les ficelles de la ville. J'ai une activité passionnante, quoique légèrement insuffisante, dans l'apprentissage de la langue. Mais je crois que je suis arrivé à un moment où l'absence d'activité professionnelle me pèse. Ajouté à ce fait un soutient familial actif mais lointain, il est facile de me laisser un peu aller à la légère déprime. Mais il est temps de me reprendre en main et de reprendre une bonne dose d'activités sociales, à commencer par ce blog.

Ami lecteur, toi qui n'existe pas, je pense à toi en ce moment d'euphorie littéraire, et je te dis : "A très bientôt"